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Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/25

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xviie siècle, et de celle que Rousseau allait prescrire pour la fiancée idéale d’Émile, l’imaginaire Sophie.

Éducation de courtisane supérieure, faite pour former une Aspasie moderne et française, et qui tend à mettre en valeur toutes les séductions de la femme. Sciences, littérature, musique, deviennent à la fois des parures et des moyens de combat. Mme Poisson savait le prix de la beauté, mais elle savait aussi que la beauté, si elle attire l’homme, ne suffit pas pour le retenir ; qu’il est des heures de mélancolie ou de fatigue où le plus beau visage est sans pouvoir s’il ne s’éclaire pas d’une lumière intérieure ; enfin que l’homme a le goût du changement et que la femme le fixe, qui satisfait ce goût inconscient, inné chez le plus fidèle. L’habile Mme Poisson n’épargna donc rien pour faire de sa fille un résumé vivant de toutes les grâces féminines et de tous les arts féminins. Jeanne-Antoinette apprit le chant et le clavecin avec Jélyotte, la danse avec Guibaudet, la déclamation avec Crébillon et Lanoue. Elle dessinait et gravait sur pierres fines, et cet exercice qui resta un bon travail d’élève sans atteindre jamais au vrai talent, lui donna du moins un sens très exercé de la couleur