Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/33

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d’Alexandrine la console un peu du fils premier-né qu’elle a perdu. Elle goûte ce bonheur qui ne gêne aucun de ses sentiments et ne contrarie aucun de ses projets, parce que l’instinct maternel n’a rien à voir avec la morale, et elle attend sans trop d’impatience le temps des chasses, qui lui permettra de reprendre ses promenades en phaéton. Elle ne perd rien à demeurer au logis, puisque le Roi ne viendra pas de sitôt dans la forêt de Sénart… Louis XV est aux armées et, suivant l’exemple illustre de son bisaïeul, il a emmené avec lui sa favorite…

Soudain, une nouvelle éclate en tonnerre. Le Roi est tombé malade à Metz, et les médecins désespèrent de le sauver. Autour du moribond, le « parti dévot » s’agite et, faible devant le « roi des épouvantements » qui brise les royautés terrestres et réduit les plus grands princes à la seule misère humaine, Louis XV ne pense plus qu’à l’éternité. Dans un redoublement de sa fièvre, il perd pied, il sent le gouffre qui l’attire et il réclame le père Pérusseau, un jésuite, son confesseur. La loi de l’Église est formelle : l’absolution et le viatique ne seront donnés au malade que s’il éloigne sa concubine et rappelle son épouse. Bientôt, une berline