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les passions de la jeunesse et les vices de l’âge mur.

À dix-sept ans, le mariage l’avait effrayé d’abord, puis, amusé par la nouveauté, il crut aimer la Reine, qui l’adora. Laide et charmante, supérieure à son jeune mari par le cœur et par le caractère, elle méritait d’être heureuse et pouvait donner le bonheur, mais le couple était mal assorti. Le Roi ne se plaisait qu’à la chasse, au jeu, aux petits soupers, où il buvait beaucoup. Il aimait courir les bals, avec ses favoris, « déguisés en Espagnols ou en vieux Français du temps de Henri IV ». La Reine aimait la lecture, la conversation des honnêtes gens, la vie simple, douce, libre et retirée. Chez elle, le Roi était toujours maussade et, jaune d’ennui, ne soufflant mot, se divertissait à tuer les mouches contre les vitres. Cependant, les enfants de France naissaient régulièrement, un chaque année, sans que leur naissance ou leur mort rapprochât les cœurs de leurs parents dans la joie ou la tristesse. La santé de la Reine s’altéra. Le Roi en prit prétexte pour s’affranchir d’un devoir sans plaisir ; et ce fut le temps que, dans un souper, chez la comtesse de Toulouse, il but à l’Inconnue — à celle qui allait venir…

Elle vint, et ce fut Mme de Mailly, peu jolie,