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Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/56

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Eh bien ! le Roi la reconduira chez sa mère. Du coup, l’éternel ennuyé ne s’ennuie plus. Il oublie Versailles et le Dauphin qui goûte, à cette heure, les chastes joies de l’amour légitime. Il oublie la cohue de l’Hôtel de Ville, et M. le Prévôt, et les corvées du métier de Roi. Dans le fiacre où il presse la jeune femme contre lui, malgré la présence du duc d’Ayen, il se divertit à jouer le rôle d’un amoureux de comédie. Il redevient jeune ; il devient gai. Le fiacre avance péniblement. Aux carrefours, des sergents l’arrêtent. Le Roi s’étonne… Comment ? On ne passe pas ?… Que le cocher enlève donc son cheval ! Le cocher se récrie. Il ne veut point d’affaire avec les sergents. Louis XV dit au duc d’Ayen :

— Donnez-lui un louis. Il passera.

— Un louis ? Votre Majesté doit s’en garder ! Demain, la police sera instruite, fera des recherches, saura où nous sommes allés. Il suffira d’un écu de six livres.

Il suffit. À la barbe des sergents, les chevaux entraînent la voiture, et le Roi de France ramène sa future maîtresse, comme une demoiselle très sage, chez sa maman.

Puis il retrouve son carrosse, regagne Versailles