Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/60

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reux, très pris sensuellement, refuse d’engager l’avenir. Il vit, avec sa maîtresse, au jour le jour, bien décidé à rompre quand la satiété viendra, et déjà, il a failli se reprendre. Une rupture ? Non : une défensive sournoise qui est bien dans son caractère dissimulé. Mais si Louis XV pouvait se détacher de Mme d’Étiolles, il se rattacherait à elle par esprit de contradiction, du moment qu’on la lui dispute. Le « parti dévot » conduit par Boyer, évêque de Mirepoix, s’agite autour de la Reine et du Dauphin, pour écarter le danger pressenti, pour intimider Binet qu’on rend responsable du scandale. Il suffit que Binet, menacé maladroitement par l’évêque, veuille sauver sa place et qu’il aille se plaindre au Roi. L’orgueil ombrageux de Louis XV servira, mieux que son amour, le dessein de Mme d’Étiolles. Puisqu’on prétend l’écarter de lui, il la rappellera plus fréquemment dans les Petits Cabinets. Bientôt, elle y demeurera, cachée, sauf pour les intimes des soupers, et nuit et jour, dans l’ombre du maître. C’est à ce moment que l’habile jeune femme risque la partie suprême. Elle, si douce, si gaie, si joliment pliée à l’humeur du Roi, toujours prête à le divertir par des chansons et des contes, elle paraît languir, elle pleure sans