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Page:Tinayre - La Vie amoureuse de madame de Pompadour.pdf/72

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mobile appelée « bas de robe ». Un autre souci l’occupait. Elle savait que l’événement faisait parler tout Paris et que, déjà, l’on avait arrangé la conversation qu’elle aurait avec la Reine ; elle savait que ses moindres gestes, ses intonations, sa rougeur ou sa pâleur seraient guettés et commentés. Pour les amis dévoués de la Reine et du Dauphin, les rivales évincées, les favoris jaloux, les ministres inquiets, pour tous, quelle joie si la nouvelle marquise laissait percer quelques traits de Mlle Poisson ! Certes, bien des gens espéraient encore que la « petite bourgeoise » ferait quelque bourde ou quelque faux pas et se perdrait par le ridicule.

Mais elle avait si bien répété son rôle qu’elle était sûre d’elle-même, lorsqu’elle parut, le mardi 14 septembre, dans l’appartement du Roi. Un monde prodigieux remplissait l’antichambre et la chambre. La princesse de Conti, suivie de sa dame d’honneur, de Mlle de Lachau-Montauban et de Mme d’Estrades, présentée la veille, conduisait l’héroïne du jour, magnifiquement vêtue et parée. L’énorme panier, la lourde queue qui rendaient plus pesant le grand habit de brocart, ne gênaient pas sa démarche noble ; sa petite tête poudrée scintillait de pierreries ; sa