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la femme et son secret

fendu par ses petites vertus ou ses médiocres manies, ne vaut pas qu’un démon puissant s’y arrête. Des diablotins de troisième ordre suffiront à le troubler dans son gîte : non la Paresse, mais l’Indolence ; non la Colère, mais la Mauvaise Humeur ; non la Sensualité, mais la passion des petits plats ; non l’Avarice, mais la Parcimonie. Les grands Péchés Capitaux ont affaire ailleurs, et ne chôment jamais.

Le Démon brillant et brûlant aperçoit une maison de province, solide sur de vieilles fondations, coiffée de ses ardoises mauves, et portant son cadran solaire, à son fronton, comme un bijou. Petit perron, porte-fenêtre, rosiers grimpants, ici des volets entr’ouverts, là un rideau soulevé, tout dit la quiétude heureuse. C’est le matin. Le jardin encore humide et bleuâtre de la nuit, offre au soleil léger ses allées de gravier rose, et ce banc sous la tonnelle de jasmin d’Espagne. Le voyageur qui passe, en automobile, devant cette maison et ce jardin, pense qu’on doit être bien là. Il croit y voir une belle femme, une gracieuse fille, la paix domestique ou le mystère amoureux. Et il emporte un regret vague, avec l’image de ce paradis provincial.