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le démon de midi

sique, dont on fait tant de cas, leur apparaît un exercice bien ennuyeux, ou un plaisir bien surfait. Tels des gens qui ne savent pas lire, parce qu’ils sont incapables d’apprendre ou qu’ils ont eu de mauvais professeurs, nieraient qu’il existe des chefs-d’œuvre littéraires. Les illettrées de l’amour sont défendues par leur ignorance. Pourtant, il en est beaucoup qui succombent, de qui le mari se croyait assuré contre l’incendie et le vol. Le Démon a passé par là. Il connaît les femmes, il sait que chez la moins sensuelle, la curiosité peut être aussi puissante que le désir charnel chez une Messaline. Ève, Psyché, Pandore, Elsa, Madame Barbe-Bleue, n’étaient pas des voluptueuses. C’étaient des curieuses. Le désir de savoir leur donnait un vertige irrésistible et elles ne l’apaisaient que par la connaissance, comme d’autres apaisent le désir sensuel par l’étreinte et le baiser. La curiosité a perdu autant de femmes que la volupté.

La monotonie du ménage, le ronron du pot-au-feu, la routine des habitudes, l’idée que la vie est faite, dans sa forme définitive, limitée, sans issue et sans horizon, et qu’on va vieillir ainsi, le mari ne l’accepte pas tou-