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Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/14

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la femme et son secret

nommé « lit de misère », enfante le premier fruit de leur hymen, la Faculté, les matrones, la belle-mère, et jusqu’aux servantes, liguées contre l’homme — inutile à cette heure, et importun — l’ont mis hors de la chambre conjugale. Cette violence qu’on lui a faite est un rite millénaire, à quoi tous les maris, dans tous les temps et tous les pays, se sont résignés. On prétend même qu’elle s’accorde à leur secret désir, car dans ce drame féminin et maternel, ils se sentent déplacés, sacrilèges, comme le Romain qui assistait aux mystères de la Bonne Déesse. Peut-être sont-ils trop délicats pour supporter une telle vue ? Peut-être éprouvent-ils la vague honte d’être un peu assassins ? « Allez-vous-en ! » leur dit-on : « Vous gênez tout le monde. » Ils font un grand soupir et ils s’en vont.

Voilà donc M. de X… dans son cabinet, où il a tout loisir de relire l’Émile, ou de verser des larmes abondantes en invoquant l’Auteur de la Nature que le vulgaire appelle le bon Dieu. À moins qu’il ne s’endorme paisiblement, le nez sur son livre, si l’affaire se prolonge.

Mais la porte s’ouvre. Une camériste appa-