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la femme et son secret

imitait même, avec une verve comique qui la faisait rire aux larmes. Aux bras l’un de l’autre, ils retrouvaient leur jeunesse. Et ils s’endormaient, la main dans la main.

Cependant, les expériences se poursuivaient. Pour essayer le carburant, l’inventeur fit un, deux, trois voyages. Mme Philibert aurait voulu l’accompagner, mais il voyageait avec des hommes, et une femme les aurait tous gênés. Elle pleura, quand il partit pour la troisième fois. Les deux autres fois, elle avait souri. Il fut ému par ces pleurs et il dit :

— Au diable le carburant ! Je ne te quitte plus !

— Non, dit-elle. Il faut me quitter. Nous ne sommes plus des enfants et le carburant, ta gloire ! vaut bien quelques sacrifices.

Parlant ainsi, tous deux étaient sincères et, pourtant, ils se mentaient à eux-mêmes. Philibert, au fond, tenait beaucoup à son carburant, et Mme Philibert, au fond, le haïssait.

Les « quelques sacrifices » ne suffirent pas au carburant, devenu un Moloch dévorateur. Il réclama les jours tout entiers de l’inventeur, puis une part de ses nuits, puis toutes