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LA FEMME ET SON SECRET

Pourquoi, dit le lecteur qui se souvient d’avoir bâillé sur les classiques — il les lisait trop tôt et par obligation ! — pourquoi revenir à ces vieux auteurs et à ces vieilles histoires ? Cher lecteur, les vieilles histoires que ces vieux auteurs nous ont racontées sont toujours nouvelles, parce qu’elles sont toujours vraies. Si je m’y reporte, c’est qu’on n’a pas fait mieux à notre époque, et aussi parce que je veux te donner l’envie de les relire, pour ton plaisir, maintenant que tu es loin du lycée et du bachot.

Le sujet de la Princesse de Clèves est de tous les temps. Une jeune femme très pure, « estime » son mari qui l’aime éperdument. Si elle l’aimait de même, leur passion se calmerait par l’habitude et la sécurité, car l’amour demeure à son paroxysme tant qu’il ne cesse pas de désirer ou de craindre. M. de Clèves, au début de son mariage, croit n’avoir rien à craindre, et cependant il a quelque chose à désirer. L’idée qu’il est aimé par devoir trouble sa joie. Il est heureux sans être content. Cependant, il est bien loin de la jalousie. Il respecte, il honore cette femme qu’il chérit, cette femme douce, aimable,