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L’HÉROÏSME FÉMININ

l’attend à la gare. Il est — ou paraît — d’humeur bourrue. A-t-il des soupçons ? Est-il seulement contrarié par un changement de programme qui a troublé ses habitudes ? On ne sait. Il baise distraitement le front de son épouse, salue l’amie, et dit :

« Je vais chercher un taxi. »

Et il s’en va.

— Avez-vous vu !… dit la femme, suffoquant d’une indignation très sincère… Quel égoïste ! Quelle brute !… Il ne m’a même pas demandé si j’avais beaucoup souffert, et si j’étais vraiment guérie !…

— Ah ! ma chère, dit l’amie, ne vous plaignez pas ! Vous voulez que votre mari s’attendrisse sur vous qui depuis huit jours…

L’épouse offensée ouvre tout grands des yeux clairs comme ceux d’un petit enfant :

« Mais, dit-elle, il ne sait pas. Alors !… »

Et l’amie convient qu’elle a raison. Le mari ne sait rien. Donc, il n’a aucun motif d’être désagréable. Donc, étant désagréable, il fait injure à sa femme. Donc, il est une brute égoïste. Donc…

Quand un homme entreprend de discuter avec une femme et qu’elle lui oppose un de

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