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Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/171

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L’HÉROÏSME FÉMININ

les femmes, qu’elles se dérobent, et sont de mauvaise foi. Il est tout près de trouver que Jeanne lui est inférieure par l’intelligence, tandis que Jeanne le trouve supérieurement pédant.

Une autre fois, ils sont d’avis contraires. Leur discussion est un duel où les deux adversaires ne pratiquent pas la même escrime. Jean se plaint que Jeanne lui porte, déloyalement, des coups irréguliers. Il s’irrite, finit par se fâcher, ou bien il abandonne le combat. Dans le premier cas, sa brutalité lui ôte le droit d’avoir raison, même s’il a raison.

Dans le second cas, Jeanne triomphe.

Il y a un troisième cas, où Jeanne, par gentillesse, feint d’être convaincue sinon vaincue. Mais elle n’a pas changé d’avis. Elle se tait. C’est déjà bien beau qu’elle se taise. L’homme naïf chante victoire :

« Je savais, dit-il, que tu finirais par comprendre… »

Le pauvre !…

C’est une grande naïveté de la part d’un homme intelligent que de discuter avec une femme comme si elle était une espèce d’homme. Et c’est bien pis lorsque la discus-