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LA FEMME ET SON SECRET

chef. Sous la déférence imposée demeure le sentiment de la puissance du sexe, qui représente tant de possibilités pour les femmes très belles. Une fille faite comme Vénus se sent, sur un certain plan, l’égale de n’importe quel homme, fût-il un roi. La beauté crée un privilège redoutable à la femme qui l’a reçue en don, comme d’autres ont reçu le génie ou la fortune. Aussi, quand on enseigne aux jeunes filles qu’il importe peu d’être laide ou jolie pourvu qu’on soit vertueuse, font-elles semblant de l’admettre, mais elles n’en croient rien.

Le dévouement de la femme aux idées d’un homme se confond avec son dévouement aux intérêts de cet homme que lui-même, parfois, néglige. Et la femme, qui prend si facilement ses sentiments pour des opinions, change d’opinion quand elle change de sentiment. Il arrive aussi que les idées accaparent l’homme, et le disputent à l’amour. La femme n’y voit plus que des rivales, qu’elle exècre sourdement. C’est l’aventure du ménage Philibert.

Jalouse des idées, combien plus jalouse des êtres, la femme qui aime est une combinai-