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LE CHEMIN DE LA SAGESSE

Alors la femme a un mouvement instinctif vers ses enfants. Cette richesse-là, qu’elle a créée, cette richesse, accrue par ses soins, personne ne la lui prendra. La maternité, c’est une assurance contre la solitude de la vieillesse, et même avant la vieillesse, il est beau d’être la mère encore jeune de fils et de filles déjà grands. Ils sont sortis de l’âge ingrat. Ils vont sortir de l’âge de l’ingratitude. Ils seront des compagnons, des amis. Certes, ils ont changé, depuis l’adolescence. Leur mère a eu, parfois, le sentiment pénible de ne plus les comprendre très bien. Ils traversaient une crise. C’est fini. Les voilà grands.

Ah ! oui, les voilà grands, si grands qu’ils n’ont plus du tout besoin de leur mère, au moment où elle a besoin d’eux.

Une femme qui a peu ou pas connu l’amour et ne sait pas qu’elle le regrette, reporte sur son fils la passion intacte et concentrée dont elle ignore le nom et l’usage. Passion chaste, où parlent la chair et le sang, puisque la maternité est, d’abord, un instinct animal. Le père le plus tendre ne saurait aimer ainsi la fille la plus chère. Dans cette enfant de sa race, il retrouve bien la grâce essentielle de la