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Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/249

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LE CHEMIN DE LA SAGESSE

vaine agitation, la mort qu’elles redoutent et qui leur rendra la paix.

Il est une autre façon de vieillir, que j’ai vue et dont j’aime à citer l’exemple, à la dernière page de ce livre. Une longue vie d’amour conjugal, la maternité reçue comme une bénédiction, le partage des peines, des travaux et des fatigues devenant une joie profonde et grave, commune à deux êtres qui ne formaient réellement qu’un seul être et que la mort de l’époux sépare sans les désunir ; un deuil où la douleur accepte de ne pas se révolter, où la survivance n’est que l’attente de la réunion définitive et une marche vers le rendez-vous mystérieux des âmes, de l’autre côté du tombeau. Il y a, dans cette vieillesse sainte, tant de douceur et de majesté qu’on ne peut l’approcher avec indifférence. Un rayonnement spirituel l’enveloppe, qui vient d’elle, et qui éclaire la vie autour d’elle. Ainsi, dans un paysage crépusculaire, un sommet brille, comme touché par les feux de l’aurore… et ce sont les feux du soir.

FIN