Aller au contenu

Page:Tinayre - La femme et son secret, 1933.pdf/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
la femme et son secret

est poète jusqu’au moment où les parents le livrent aux maîtres d’école.

Car la poésie n’habite pas les bâtiments scolaires et ne se nourrit pas de la manne laïque et obligatoire. Les enfants qu’elle a élus la rencontrent partout ailleurs — jamais dans le programme du certificat d’études. Elle est buissonnière, anarchiste et elle peut être illettrée. Pour ministres et truchements, elle choisit parfois des gens dépourvus de science : une nourrice, un jardinier, un ouvrier qui chante à son établi, une vieille dame dont la maison est pleine d’objets inconnus, anciens, inutiles, trésors révélés en grand mystère. La poésie, comme l’amour, veut le secret. Elle n’a pas besoin d’être tout à fait intelligible. Qui de nous n’a été envoûté, dans sa petite enfance, par un détail mal compris d’une histoire, par un vers que la récitation déformait, et qui avait alors une résonance prolongée en vibrations musicales ? Je pense au poème de Mme Desbordes-Valmore, Le Petit Oreiller, qui est classique pour tous les « moins de sept ans ». Que j’ai rêvé sur les Zénus ! les Zénus, c’étaient les enfants qui…