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l’âge ingrat

comme tous les événements de la vie physiologique de la femme. Tout fermente dans la fillette de douze ans. Des indices qui l’étonnent et qui l’éveillent, annoncent une révolution intérieure. Et l’âme où la mère croyait lire comme dans un livre très simple, toujours ouvert — ce qui était d’ailleurs une illusion — se rétracte pour se défendre.

Le goût, dans l’esprit et dans les sens, paraît se pervertir. C’est le temps où les filles manifestent un appétit bizarre pour des aliments indésirables, exagèrent d’absurdes pudeurs, se montrent timides ou insolentes sans raison, et mentent sans nécessité et sans excuses. Déséquilibre transitoire qu’il faut surveiller avec indulgence, avec patience.

À ce moment, bien des mères qui ne savent pas leur métier maternel, ne veulent ni voir, ni entendre, ni comprendre. Elles se fient aux ordonnances du médecin, aux fameux « fortifiants », et remarquent seulement que « les enfants d’aujourd’hui sont particulièrement désagréables ».

D’autres, qui n’ont pas perdu le souvenir de leur âge ingrat, sentent que leur fille commence à leur échapper, comme elles-mêmes,