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Page:Tinayre - Le Bouclier d Alexandre.pdf/25

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dorés de ce bel enfant pouvaient se fixer de très loin et très longtemps sur les choses à peine visibles. Tout son visage brun était ensoleillé par ces yeux. Ses cheveux noirs frisaient aussi rudement que les touffes de poil au front d’un buffle. Dans sa maigreur adolescente, il avait des muscles fins qui annonçaient la force future et qui se dessinaient élégamment sous la peau couleur d’olive.

Dès sa onzième année, Chrysanthe montra un goût extraordinaire pour l’aventure. La grammaire l’ennuyait, et les discours des savants lui plaisaient moins que les contes de sa nourrice. Cependant, il s’intéressait à la nature des choses et surtout à la configuration de l’univers ; il observait les vents et suivait les révolutions des étoiles ; il construisait de petits bateaux de bois, gréés avec des cordelettes, qu’il lançait sur le bassin de l’impluvium. Il disait : « C’est la nef Argo ! » ou bien : « C’est le radeau d’Ulysse ! »

Et il était lui-même Ulysse ou Jason. D’une