Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» N’est-ce pas là votre pensée, Laurence ?

» Je n’attends donc qu’une grâce de vous, une seule : c’est que vous abandonniez toute idée préconçue, et que vous lisiez, jusqu’au bout, cette confession, avant de prononcer les mots qui séparent…


» Quand j’arrivai en mai 1913, au Vert-Village, je regrettais l’Italie et ma petite maison jaune parmi les cyprès de Fiesole, la maison où j’avais laissé tout mon bonheur. L’obligation de passer l’été en Saintonge m’était odieuse, et les habitudes provinciales de ma famille qui ne respectait ni mon travail, ni mes loisirs, me conduisaient peu à peu à la plus noire neurasthénie. Ce fut vraiment l’instinct de conservation qui me fit chercher la solitude. Tout d’abord, le pavillon de l’Ermitage me plut par son nom symbolique, par sa situation sur la lisière de la pinède, loin des voisinages fâcheux, loin de la plage que déshonorent des villas sans style et des baigneurs sans beauté. De ses fenêtres, orientées à l’occident, je ne verrais