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ET DE RÉVOLUTION

cachées, fontaines closes, urnes scellées, que garde une armée de géants noirs, attendent le désir ou la curiosité du maître. Huit cents cuisiniers préparent les festins qu’il ne goûtera jamais. Dans les salons, les merveilles occidentales voisinent avec les trésors de l’Orient. Aux lustres, aux faïences persanes, aux tapis veloutés de Boukhara, se mêlent les pendules fabriquées par les Infidèles, les armoires qui ont des glaces comme des étangs, et les machines à voix humaine, qui parlent et chantent, et qu’habite sans doute quelque génie fallacieux. Une pièce est toute pleine de bijoux, rubis et saphirs gros comme des œufs de pigeon… On raconte qu’un empereur du Nord et son épouse, introduits dans cette cellule de splendeurs et priés d’y choisir quelques pierreries, furent tellement émerveillés qu’ils perdirent le sens de la mesure, et se firent donner des bagatelles étincelantes qui valaient bien deux millions de francs ; mais le Sultan pourrait vêtir de diamants et de perles toutes les impératrices chrétiennes sans que