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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/157

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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

et le trisaïeul du cuisinier. Au cuisinier même, il a promis une mort prochaine… Et le beau Dimitro, ayant subi sur le crâne le choc des poulets qu’il destinait à la casserole, est monté, vert et sanglotant, avec Marika, son interprète…

« Il dit qu’Husseïn le tuera, au coin de la petite mosquée… Il dit que si Husseïn ne le tue pas, tous les Albanais d’Andrinople le poursuivront, parce qu’ils sont tous parents entre eux et que ça fait la vendetta… Il dit qu’il veut partir ce soir pour Constantinople, qu’il doit se conserver pour sa famille… »

Le drogman du consulat, excellent homme, accoutumé à ces sortes de scènes, tente de rassurer le cuisinier larmoyant… La maîtresse de la maison, qui a invité douze personnes pour demain soir est désolée…

— Quel pays !… C’est tout le temps comme ça ! les Albanais, les Grecs, les Turcs, les Bulgares, se mangent entre eux… Faire vivre ensemble trois domestiques et deux cavass qui n’ont rien de commun, ni la race, ni la religion, ni les coutumes, c’est un problème…