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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

à la saleté, et même aux attaques nocturnes… — Le pays n’est pas très sûr, là-bas — mais, surtout, il faut beaucoup de volonté pour réagir contre l’action déprimante de la solitude morale… Nous sommes trois pères seulement, à M… et trois religieuses… Nous avons une petite école et un dispensaire ; nous instruisons les enfants, nous soignons les malades, nous essayons d’inculquer à nos paroissiens quelques idées de charité, de justice… Ah ! ce n’est pas toujours commode. Ils ont leurs préjugés, nos paroissiens, et une conception du droit et du devoir un peu primitive, pour ne pas dire barbare… La vendetta existe encore, les querelles particulières se règlent à coups de fusil… Et il y a d’étranges superstitions… Les malades viennent au dispensaire, moins pour les remèdes que pour les aumônes, et demeurent les clients clandestins du hodja et de la jeteuse de sorts… C’est décourageant…

— Nos paysans de France, en certaines provinces arriérées, préfèrent le rebouteux au médecin.