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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

huit ans peut-être, représente assez bien l’odalisque telle que nous l’imaginons, car elle a des yeux de velours soulignés par le khôl, un petit nez aquilin charmant, la pâleur mate du camélia… Une autre, très maigre, bilieuse, énergique, a des prunelles enfoncées où l’intelligence pétille, — c’est le mot exact, — en étincelles de feu noir. La doyenne de toutes, celle qui enseigne le Coran, est une très vieille dame, décharnée et vénérable, vêtue à la turque d’une longue blouse d’indienne. Seule, elle a les cheveux cachés par un petit voile jaune à fleurs.

Les autres sont habillées à l’européenne… Hélas !… Leurs robes, fabriquées je ne sais où, offrent des spécimens variés de modes surannées déjà, manches pagodes, volants en forme, empiècements garnis de jais et de galons. C’est dommage… La blouse flottante et le léger voile fleuri siéraient à leurs corps un peu massifs, à leurs figures rondes d’Orientales… Et comme je déplore aussi l’invasion du progrès européen, quand je regarde les