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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/201

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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

pendant que je passe la rude jaquette… Ah ! que n’ai-je un miroir !… Elle est rigide comme une armure, cette jaquette karagachane ; elle me meurtrit la poitrine et me coupe les bras aux entournures… La Proserpine, enchantée, se tourne et parade dans le manteau chinois aux fleurs bleues. Grands éclats de rire.

Elle dit enfin :

— Si mon mari te voyait, il te garderait avec nous.

Cette plaisanterie porte au comble la gaieté générale, et les jeunes mères, qui cachaient prudemment leurs nourrissons, se rapprochent, s’apprivoisent, et s’informent du nombre de nos enfants.

Je l’ai remarqué déjà : turques ou grecques, musulmanes ou chrétiennes, toutes les femmes de tous les pays finissent toujours par s’entendre. Elles ont deux grands intérêts communs, deux éternels et passionnants sujets de conversation : les enfants et la toilette.