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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/21

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ET DE RÉVOLUTION

se chauffe au soleil, un soleil modéré, tiède, un soleil de province française sur une rue de province française… La mi-avril est passée, et c’est à peine si les bourgeons des platanes crèvent leur gaine brune, et dardent mille petits ongles verts. Dans le jardin, il y a des chaises en fer et un kiosque pour les musiciens. Dans la rue, il y a des cafés, des fiacres, des marchands de journaux, des passants en jaquette et des chiens jaunâtres aux creux du pavé.

Les fez rouges des cochers et les chiens jaunâtres composent tout le « caractère oriental » de cette rue qui s’appelle « rue des Petits-Champs ». Et derrière l’hôtel, il y a, je le sais, une autre rue, parallèle à celle-ci, et plus importante, où sont les beaux magasins et les ambassades C’est la Grande-Rue de Péra.

Ces deux rues, sur la crête d’une colline, forment l’essentiel de Péra, la ville franque, exclusivement habitée par les chrétiens de toute race et de toute confession. À gauche, sur la pente de la colline, Péra devient Galata, la ville marine et marchande qui n’est ni turque,