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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

mince ; mais elle a des traces de beauté, ses joues sont fardées ; ses cheveux teints en roux ardent bouffent en auréole démesurée autour de son front et s’attachent en un chignon bas, trop bas, sur sa nuque. À chaque instant, il semble que cette masse rousse et soyeuse va crouler… Elle porte une blouse à plis et à jabot, en batiste blanche, une jupe « trotteuse » courte, en lainage anglais, ornée, — fâcheux détail ! — d’une molle écharpe frangée en satin vert…

Ridicule ?… Peut-être… Mais, attendez… Une jeune Grecque, élève des sœurs de Karagatch, m’apporte des cahiers et des livres… Les livres qui servent aux gamins de six ans, dans les écoles primaires françaises, les cahiers où une grosse écriture puérile a tracé des problèmes, des règles de grammaire, des résumés d’histoire…

— C’est madame qui a écrit tout ça… depuis que sa fille est mariée, elle a des loisirs, et elle étudie, avec moi, d’après le programme de mon ancienne école… Tous les jours, elle s’enferme dans le petit kiosque du jardin, et