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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/23

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ET DE RÉVOLUTION

cyprès d’Eyoub, à droite, jusqu’à la pointe extrême du Vieux Sérail, à gauche, où la silhouette s’achève par des murs crénelés et des tours moyenâgeuses, entre les eaux de la Corne d’Or et de la Marmara.

Pas de couleurs vives : des blancs, des bruns, des rouges atténués, quelques touffes vertes. La fumée des bateaux stagne, immobile, comme une mousseline emmêlée et déchirée, d’un gris transparent, sur les eaux lourdes, dans l’air humide. Et Stamboul semble flotter, suspendu dans la vapeur, lointain, presque irréel…

Comme je descends pour déjeuner, je trouve Moïse dans le vestibule de l’hôtel.

Moïse, qui m’a amenée ici, hier, se dénomme lui-même : « guide de l’ambassade », et, à force de le dire, il a fini par croire qu’il avait une fonction officielle, très au-dessus des cavass, un peu au-dessous des drogmans. Tout ce qui touche à l’ambassade, tout ce qui vient de l’ambassade, lui est sacré. Depuis vingt-deux ans, il a promené dans Stam-