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D’UN NOUVEAU RÈGNE

louée par Moïse. La viande froide et les œufs durs m’étaient destinés. C’est à mes confrères français que je dois le changement de programme qui m’amène en automobile, place Karakeuy. Ni le pont ouvert, ni le déjeuner problématique ne m’inquiètent. J’ai confiance. Si les Français, en général, sont ingénieux, que dire des journalistes français ! Débrouillards par métier, ils trouveraient, en plein désert, des victuailles, des logis, des véhicules et des personnages importants à interviewer !

Et voilà que, sur un signe de M. Paul Belon qui est notre doyen et capitaine, l’auto s’engage sur le quai. Il y a là un beau paquebot, tout frais arrivé de Marseille. Pourquoi n’y monterions-nous pas ? Nous y montons. Il y a, dans ce bateau, une cuisine, des cuisiniers. Pourquoi n’y déjeunerions-nous pas ? En quelques minutes, la table est prête. Mais le canon tonne. Nous grimpons sur la passerelle. À gauche, au débouché du Bosphore, en face de Scutari, une mouche blanche et dorée glisse sur le bleu obscur de l’eau, précédée et suivie