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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/247

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D’UN NOUVEAU RÈGNE

Nous sommes descendus, vers la fin du jour, dans ce quartier de Kassim-Pacha, et jusqu’à la place de l’Amirauté, où ne restait plus aucune trace de l’horrible cérémonie. Kassim-Pacha qui dévale, derrière les cimetières des Petits-Champs, jusqu’à la Corne d’Or, est pour Constantinople ce qu’était Santa-Lucia pour Naples : le quartier des marins et des pêcheurs. Les rues, étroites et sales, rappellent les rues de Stamboul : mêmes maisons de bois, mêmes boutiques basses, mêmes passants vêtus de culottes bouffantes, de casaques rayées et piquées, mêmes têtes à turbans, mêmes petits industriels bizarres. L’odeur du poisson domine, avec l’odeur de la vase du port et le relent épouvantable de l’unique égout, à ciel ouvert… On voit, sur les étals des poissonneries, des douzaines d’énormes poissons, les lufers couleur de plomb, tout raides, dont la chair insuffisamment salée est fade et coriace. Et il y a aussi beaucoup de vendeurs de laitues et d’autres petits marchands qui portent sur l’épaule une longue