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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/249

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D’UN NOUVEAU RÈGNE

aux coques rougeâtres. Stamboul, sur l’autre rive, sombre dans une buée violette, sous un ciel fiévreux et sanglant. L’odeur de boue et de détritus est aggravée par la chaleur humide de ce crépuscule, énervant comme un bain trop prolongé.

Dans la cour de la caserne, il y a un mouvement de soldats qui s’alignent, et les clairons sonnent pour la parade du soir. Les trois cris du salut au Sultan retentissent. Et puis, les soldats rentrent dans le bâtiment jaune. La nuit vient. Quelques lanternes s’allument. Et toujours cette odeur de mort…

Nous abrégeons le chemin du retour en remontant la pente abrupte des cimetières. Sous les grands cyprès que touche encore un rayon oblique, jase, parmi la poussière et la pierraille, une petite fontaine entourée de vertes orties et d’herbes hautes. Des femmes songent, accroupies dans leur robe brune et leur voile blanc, et une bande de bébés délicieux joue « au mariage ». Une petite fille de quatre ans trône, sur les marches d’une