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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/261

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D’UN NOUVEAU RÈGNE

qu’elle aime. Le voilà, ce gardien de la sultane défunte, assis dans le tout petit cloître qui enferme le jardin avec les tombes, le figuier sauvage, la glycine noueuse et fleurie, les glorieux rosiers grimpants. Contre une modeste aumône, il nous permettra d’entrer, de respirer les fleurs, de saluer la dame du lieu ; et il nous montrera son petit ménage particulier, son divan, son écuelle, son chapelet d’ambre, son livre de prières…

À côté de la sultane, il y a un grand vizir, et plus loin, un général, et des ministres, et des eunuques, et des prêtres, qui peuplent de fantômes ces pavillons ciselés, ce Trianon funèbre d’Eyoub.

Des colombes palpitent dans l’air sans frissons. Le ciel est si doux qu’il consolerait toutes les tristesses. Partout des blancs purs, des verts tendres. Eyoub, par ce matin de mai, a la fraîcheur d’une amande ouverte.

Nous voici devant la mosquée, à la porte de cette cour du Platane, si funeste à M. Sageret. Les maisons des vivants sont ici plus nom-