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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/268

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PREMIERS JOURS

On n’est plus gai comme tout à l’heure, mais on est bien. On n’a pas envie de parler. On n’a pas envie de bouger. On est loin de tout, loin de soi-même… Et cet état de jouissance mélancolique, de passivité résignée, c’est peut-être la revanche de l’Orient sur nos ironies occidentales, c’est l’enchantement de la Turquie.

Et j’y résiste si mal, que je perds la notion des convenances, et que je reprends du sucre, — il est si aigre, ce yahourt ! — sans y penser… Et je vois tout à coup mes amis qui me considèrent avec indignation… Il n’y a plus de sucre pour eux ! En rêvant, j’ai mangé tout le sucre…

— Voilà tout le féminisme, dit M. Paul Belon, qui regarde tristement l’horrible lait caillé presque intact dans son assiette.


Mai.

Une dame musulmane, amie d’amis, m’invite gracieusement à passer quelques jours chez elle. Là, je pourrai, plus aisément qu’à Péra,