Aller au contenu

Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
271
D’UN NOUVEAU RÈGNE

dent et regardent loin, bien loin, hors du monde… Ces figures-là, toutes jeunes, et marquées par la mort, je ne peux pas les regarder. Je pense aux mères qui ne les verront plus. Mon cœur se gonfle… Surprise, ma compagne me dit :

— Il ne faut pas les plaindre, ceux-là. Ils ne regrettent rien. Ils étaient venus pour mourir. Ils avaient réglé leurs affaires et dit adieu à leurs familles. Ils ne comptaient pas survivre, vraiment. Alors, ils ne sont pas tristes du tout.

Hors de la salle, je lui demande :

— On ne peut pas les sauver ?

— Presque tous ceux-là ont eu les poumons traversés… Ça fait des lésions graves… mais ils peuvent traîner longtemps… Tenez, voilà la salle de pansements. Entrez. Il faut tout voir.

En face de nous, sur une couchette spéciale, il y a un grand garçon de vingt ans, nu jusqu’à la ceinture, et que des élèves en médecine