Aller au contenu

Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
273
D’UN NOUVEAU RÈGNE

femme, la pitié infinie, la pitié qui me ramène à l’égoïsme, car j’ai un fils, et mon fils sera soldat… Alors je me détourne, je m’en vais brusquement, pour ne plus voir cette face de martyr, pour ne plus entendre ce cri. Et parce que je pleure — n’étant plus maîtresse de mes nerfs — la petite Turque me prend le bras et m’emmène.

Je lui dis :

— Vous êtes habituée, maintenant… Mais au début, est-ce que vous restiez calme devant ces affreux spectacles ?

— J’étais plus émue, oui…

— Mais vous ne pleuriez pas ?

— Oh ! non !

Elle est une jeune fille, cette frêle Sélika ! elle n’a pas souffert dans son corps ; elle ne connaît que l’amour de la patrie, l’amour de la liberté ! Elle n’a pas de petit garçon… Les mères seules, savent tout ce que représente de souffrance de fatigue, de longs soins, cette créature précieuse : un petit garçon… Je dis encore :

— Vous êtes contente lorsqu’un de ces pau-