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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/290

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PREMIERS JOURS

Il est deux heures passées, excellent M. Bareille ! Ça n’a aucune importance pour vous, qui vivez dans un rêve byzantin, ni pour moi, qui ai perdu l’appétit à voir tant de malades, ni pour mademoiselle Sélika et Ibrahim Pacha, qui mangent selon le caprice de leur faim, à l’orientale. Mais nous avons un autre hôpital à visiter.

Vers la fin de l’après-midi seulement, nous arrivons à cet hôpital, dans une rue calme et poussiéreuse, plantée d’acacias énormes qui embaument. Chemin faisant, M. Bareille a timidement proposé quelques petits détours, pour voir une si belle ruine, un turbé si ancien avec des faïences ! J’ai été impitoyable. M. Bareille s’est soumis.

Le médecin en chef, directeur intérimaire de l’hôpital Hasséki, est un homme encore jeune, gras et placide. Il ne sait pas un mot de français. Nous nous asseyons à grande distance les uns des autres, dans un cabinet décoré de photographies, où des femmes, — visage voilé, poitrine et ventre nus — étalent toutes les