Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
289
D’UN NOUVEAU RÈGNE

le comparaient à Versailles. Ils vantaient les profonds ombrages, les pièces d’eau, les lacs, et la ménagerie, et les écuries, et les serres. Yldiz ! c’était le jardin du paradis de Mahomet.

Yldiz, ô mes amis ! Si les gens qui l’ont vu, naguère, en ont fait tant de louanges, c’est pour bluffer, pour exciter l’admiration et un peu la jalousie. C’est si délicieux d’avoir vu ce que les autres ne verront jamais ! Cela permet de dénigrer les beautés offertes à tous. « Versailles ?… Peuh !… Si vous connaissiez Yldiz !… » Mes amis, le petit jardin d’Eyoub, si naïvement turc, vaut tous les parcs du Sultan. Les parcs du Sultan ressemblent à une grande propriété banale, sans style, sans dessin, médiocrement plantée, fort mal entretenue. C’est plus anglais qu’oriental, — et il y manque la fraîcheur, l’ombre épaisse, la netteté des parcs anglais. La seule beauté réelle de ce lieu, c’est ce qui est dehors ; le fond de paysage, le Bosphore bleu, la côte d’Asie bleue et mauve. Le reste… ô mystification !