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LA VIE AU HAREM

Vous autres, jeunes filles, vous voulez la liberté tout de suite. Les hommes ont mis trente-trois ans à l’acquérir ! Soyez patientes. Le fruit n’est pas mûr. Il mûrira…

— S’il est mûr quand nous n’aurons plus de dents, nous serons bien avancées, maman ! La belle consolation que tu me donnes ! Peut-être, dans cinquante ans, on supprimera le tcharchaf. Ce sera fort bien, pour mes petites-filles, mais pour moi ? Je serai vieille et laide, moi, dans cinquante ans !

— Eh bien, mademoiselle, vous aurez mérité, par votre obéissance aux lois religieuses, une place dans le paradis.

— Dans le paradis de Mahomet ! Il n’y aura que des hommes. Même dans l’autre monde, les femmes seraient… comment dites-vous ? « roulées ».

— Vous n’êtes donc pas bonne musulmane ?

— Hum !… N’insistez pas… Et d’ailleurs, on sait pourquoi le Prophète a imposé le voile aux femmes ! Il avait vu la femme d’un ami et il l’avait trouvée trop charmante. Il la contraignit