Hassan bey ajouta :
— Mon cher, tu n’as pas compris les raisons de mon mariage. Je ne suis pas de ces faux libéraux qui redeviennent fanatiques dès qu’ils rentrent dans leur harem. Je n’ai pas de harem : j’ai un foyer. En prenant une femme, j’ai voulu avoir une compagne. J’aurais pu demander une de ces demoiselles bien modernes qui parlent français, lisent des romans, et ne sont ni Turques, ni Franques. Mais j’ai redouté leurs prétentions, leur pédantisme, leurs caprices, la vanité qu’elles tirent, bien à tort, d’une instruction superficielle. Alors, j’ai prié ma famille de me chercher une jeune fille toute simple, naïve, ignorante, une « oie blanche », comme on dit dans ton pays. Et j’ai décidé de faire moi-même son éducation.
» Ce sera long, c’est malaisé, mais c’est intéressant. Je n’ai pas de mérite : je travaille pour moi. Ma femme n’est pas un génie, mais elle n’est pas sotte ; elle a de la bonne volonté. Et puis elle m’aime… Elle m’aime avec fierté, avec gratitude, avec soumission. J’avais pensé