Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
JOURS DE BATAILLE

qui a suivi l’émeute réactionnaire, la presse n’osait défendre ouvertement les vaincus. Sauf exceptions, les articles politiques étaient des hymnes discrets à l’énergie des soldats et à la sagesse du Sultan… Le Comité Union et Progrès — ce pelé, ce galeux ! — avait causé tout le mal, par sa tyrannie intolérable. Jamais, jamais encore, la véritable Constitution, la véritable liberté n’avaient pu fleurir à l’ombre noire et desséchante du Comité néfaste…

Mais, dès que Chefket Pacha, Enver bey, Niazi bey, ces croquemitaines, tirent leurs grands sabres, dès que le succès de la réaction paraît moins certain, les journaux prudents changent de langage. Les soldats « justiciers » du 13 avril ne sont plus que des malheureux « abusés »… Si le Comité revient au pouvoir, ces soldats seront aussitôt qualifiés de « brutes sanguinaires ».

Le fameux Vulcan a déclaré mercredi que la nation n’avait jamais conquis sa liberté, mais que le Sultan la lui avait gracieusement octroyée et pouvait la lui reprendre, en supprimant la