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LA VIE AU HAREM

est moins riche, moins élégante, moins peuplée que celle des dames de Sion… Ici, le caractère oriental s’accuse davantage, dans les salles blanchies à la chaux, dans la cour déjà baignée d’ombre bleue où pendent les franges mauves des glycines… Le Père Deshay n’a pas beaucoup d’argent. Il supplée aux revenus absents par une ingéniosité admirable, tour à tour professeur, maçon, ébéniste, peintre en bâtiment, et sa gaieté éternellement jeune, sa gaieté de fin Provençal, le fait plus riche qu’un Crésus, plus heureux aussi, et entretient, autour de lui, une atmosphère vivifiante.

… Je m’en vais, au soir tombé, emportant un laurier blanc, donné par les sœurs, et un fragment de chapiteau d’Éphèse dont le Père Deshay m’a fait hommage.

Et déjà les images de France pâlissent dans ma pensée. Au seuil de l’Asie que je vais quitter, mon désir s’en va vers la Grèce éclatante.

Soir de Smyrne, effacez dans ma mémoire le soir navrant et splendide de Kassim-Pacha. Ici, tout est grâce et molle volupté, et sur