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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/54

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JOURS DE BATAILLE

soldats, tous, ou presque tous. Et parmi eux, pas un officier. On ne voit plus d’officiers à Stamboul. Les beaux capitaines, les jeunes lieutenants, sortis des écoles militaires, et imbus des théories européennes, sont dispersés ou morts. Ceux qui restent, ce sont les officiers sortis du rang, non suspects d’athéisme et dévoués au Padischah.

Et ces soldats, les mêmes qu’un mot d’ordre a soulevés contre leurs chefs, contre les ministres, contre le Comité, et que je m’imaginais tels que des brutes, n’ont pas la mine féroce. Leurs uniformes ne brillent pas de propreté, leur tenue n’est pas très martiale : ils semblent las et indécis, — mais leurs figures sont des figures de paysans point méchants, point malhonnêtes. Ils me rappellent nos Bas-Bretons et nos Vendéens qui ne savaient pas lire, et ne connaissaient le monde qu’à travers les prônes de leurs curés. Ces paysans turcs ont aussi leurs curés fomentateurs de guerre civile. Le clergé vulgaire, les hodjas, les ont poussés contre les libéraux, au nom du souve-