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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/66

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JOURS DE BATAILLE

J’ai bien envie de regarder en arrière, mais si cela excitait les fureurs de ces horribles individus ? Alors, je prends un air digne, indifférent, détaché, l’air d’une personne dont la pensée plane, et qui n’a pas peur du tout !

Un choc, des vociférations, tout près de ma tête, à mon oreille !… Je me retourne… C’est le nègre qui a sauté sur la capote de la voiture et qui interpelle le cocher, Moïse, ou moi ?… Je ne sais. Je ne baisse pas les yeux, et je garde un air bien calme, avec ce sourire tranquille et poli qu’on a, lorsqu’on visite des maisons de fous et que les pensionnaires vous interpellent. Les chevaux font un écart ; le cocher crie je ne sais quoi, et le nègre disparaît. La troupe hurlante semble nous poursuivre, puis elle s’engouffre dans une ruelle. Alors Moïse m’explique que ces coureurs sont des toulombadjis, pompiers volontaires, presque aussi dangereux pour les maisons que les incendies, car ils emportent souvent ce que le feu a respecté.