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ET DE RÉVOLUTION

jamais, je ne trouverai le silence !… Un peu de temps se passe. Et voici, de nouveau, le fracas… Et je distingue aussi un crépitement bizarre, — clac… clac… — mais dans cette pièce qui ne donne sur aucune rue, tous les bruits s’amortissent.

Enfin, la femme de chambre, appelée, arrive tout éperdue.

— Madame !… C’est le canon… On se bat au Taxim… L’armée est entrée cette nuit…

Je n’ai pas été lente à m’habiller, ce jour-là !

Le vestibule du rez-de-chaussée est plein de monde : tout le personnel de l’hôtel, presque tous les voyageurs ; et la curiosité nous pousse, les uns après les autres, jusque dans la rue.

Notre calme rue des Petits-Champs ! Je ne la reconnais pas, dans le matin frisquet, qui s’ensoleille… Des soldats en uniforme khaki, des soldats en uniforme bleu, couverts de poussière, passent, par groupes, et tout à côté, devant le consulat des États-Unis, il y a un corps de garde improvisé où l’on amène des prisonniers, des suspects, qu’on fouille, et qu’on