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Page:Tinayre - Notes d une voyageuse en Turquie.djvu/99

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ET DE RÉVOLUTION

est en train de réparer. Pour moi seule, visiteuse ignorante et profane, chatoient, dans la pénombre des salles voûtées, les fleurs de jade et de turquoise, les aiguières, les armes, les reliures de cuir fauve et doré, les tapis splendides comme le col des faisans, trésors d’un art oublié, orgueil et plaisir d’anciens califes dont je ne connais même pas les noms. Le gardien qui me conduit serait bien empêché de m’instruire, car de toutes les langues européennes, il ne sait que trois mots : oui, yes ou ya. Devant chaque objet intéressant, cet homme plein de zèle se livre à une mimique laborieuse qui remplace le discours explicatif, et, quand il a terminé ses gesticulations, il dit oui, yes ou ya, au hasard, avec un bon sourire.

Après la fraîche solitude, le silence recueilli, les belles formes immobiles, l’enchantement du passé légendaire, voici le mouvement et la vie. De Sainte-Sophie au Parlement, du Parlement au Séraskiérat, les rues regorgent de peuple. Ma voiture est arrêtée, à chaque instant, et doit se ranger pour laisser défiler des bataillons