Page:Tinayre - Une provinciale en 1830.pdf/133

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chant des gouttières me rend triste comme le bruit d’un sanglot ; quand je m’occupe, le soir, à énoiser les noix ou à griller les châtaignes, cependant que mon oncle et Maman se remémorent les histoires de l’ancien temps ; quand j’écoute, avant de m’endormir, le tictac de ma jolie pendule, mon imagination déserte ma pauvre machine. Je rêve ! je rêve !

« Maman ne s’en doute pas. Elle est d’un siècle où l’on pleurait beaucoup, mais où l’on ne rêvait guère. C’est une maladie moderne, comme dit M. le curé.

« … J’arrête ici ma longue épître, chère Célina. Mion m’appelle en bas. Une visite nous arrive, des amis de mon oncle Zerbin. Il les amène à l’instant… M. Julien Dutheil et sa mère ; personnes très agréables, paraît-il. Il est maître de forges à Gourdon. Je ne l’ai jamais vu. À peine ai-je le temps de me recoiffer un peu.

« Je vous embrasse, ma bien chère amie.

« Nais. »