Page:Tiphaigne de la Roche - Sanfrein, ou mon dernier séjour à la campagne, 1765.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pu penser à cette alliance. Il eût bien désiré prendre des mesures pour retirer sa parole : mais qu’aurait-on pensé de lui dans le voisinage, car la chose était connue ? Qu’en eût dit [-] elle-même, Madame ? avec quelle joie maligne, aurait-elle vu son mari réduit à penser comme elle ? Encore, si par cette conduite il eût eu l’air de quelqu’un qui, par réflexion, change d’idée ; mais non, le monde est enclin à mal penser; on n’aurait pas manqué de le regarder comme un homme sans consistance, qui se laisse mener par les caprices d’une femme(a) [1]. À la longue cette perplexité l’ennuya, et ne fit que l’indisposer de plus en plus contre Sanfrein(b) [2].

  1. (a) Ces raisons, et d’autres du même poids, le tintent longtemps en balance.
  2. (b) Enfin, n’y pouvant plus tenir, il s’arma de tout son courage, fit un généreux effort, et, malgré le point d’honneur martial, il résolut d’être de l’avis de sa femme, qu’il croyait toujours dans les mêm [e] s sentiments.