Page:Tissandier - La navigation aerienne 1886.djvu/302

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Mon frère était spécialement occupé à régler le jeu de lest, dans le but de bien maintenir l’aérostat a une altitude constante et peu éloignée de la surface du sol. L’aérostat a très régulièrement plané à une hauteur de quatre ou cinq cents mètres au-dessus de la terre il est resté constamment gonflé, et le gaz en excès s’échappait même par la dilatation, en ouvrant sous sa pression la soupape automatique inférieure, dont le fonctionnement a été très régulier.

Quelques minutes après le départ, j’ai fait fonctionner la batterie de piles au bichromate de potasse, composée de quatre auges à six compartiments, formant vingt-quatre éléments montés en tension. Un commutateur à mercure nous permet de faire fonctionner à volonté six, douze, dix-huit ou vingt-quatre éléments, et d’obtenir ainsi quatre vitesses différentes de l’hélice, variant de soixante à cent quatre vingt tours par minute. Avec 12 éléments en tension, nous avons constaté que la vitesse propre de l’aérostat dans l’air, était insuffisante, mais au-dessus du bois de Boulogne, quand nous avons fait fonctionner notre moteur à grande vitesse, à l’aide des 24 éléments, l’effet produit était tout différent. La translation de l’aérostat devenait subitement appréciable, et nous sentions un vent frais produit par notre déplacement horizontal. Quand l’aérostat faisait face au vent, alors que sa pointe de l’avant était dirigée vers le clocher de l’église d’Auteuil, voisine de notre point de départ, il tenait tête au courant aérien et restait immobile,