L’on m’objecte encore qu’un homme est trop pesant pour pouvoir s’enlever seulement avec des ailes, moins encore dans un navire dont le seul nom présente un poids énorme. Je réponds que mon navire est d’une très grande légèreté ; quant à la pesanteur de l’homme, je prie que l’on fasse attention à ce que dit. M. de Buffon, dans son Histoire naturelle, au sujet du condor ; cet oiseau, quoique d’un poids énorme, enlève facilement une génisse de deux ans, pesant au moins cent livres, le tout avec des ailes d’environ trente à trente-six pieds d’envergure.
L’ascension de ma machine avec le conducteur dépend donc de la force dont l’air sera frappé, en raison du poids.
Voici, en abrégé, l’analyse de ma machine que, dans quelques jours, j’aurai l’honneur de vous détailler plus amplement.
Sur un pied en forme de croix est posé un petit navire de 4 pieds de long sur 2 pieds de large, très solide, quoique construit avec de minces baguettes ; aux deux côtés du vaisseau s’élèvent deux montants de 6 à 7 pieds de haut, qui soutiennent 4 ailes de chacune 10 pieds de long, lesquelles forment ensemble un parasol qui a 20 pieds de diamètre, et conséquemment plus de 60 pieds de circonférence. Ces 4 ailes se meuvent avec une facilité surprenante. La machine, quoique très volumineuse, peut facilement se soulever par deux hommes.
Elle est actuellement portée à sa perfection ; il ne reste plus que la tenture à faire poser, que je désire mettre en taffetas, c’est ce que je ferai à ma possibilité ; et d’après cela on me verra enlever facilement à la hauteur qu’il me plaira, parcourir un chemin immense en très peu de temps, descendre ou je voudrai, même sur l’eau, car mon navire en est susceptible.
L’on me verra fendre l’air avec plus de vivacité que le corbeau, sans qu’il puisse m’intercepter la respiration,