Page:Tissandier - La navigation aerienne 1886.djvu/91

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du moins prévoir la possibilité de louvoyer dans les airs : je ne parle pas de ce prétendu mécanicien qui se fit hisser au haut d’un mât pour retomber de tout son poids ; les tentatives d’un tel homme n’offrent rien de décourageant pour ceux qui ont quelques connaissances réelles.

Au surplus, de ce que des mécaniciens n’ont pas encore réussi complètement dans la construction d’ailes propres à les soutenir dans les airs, on ne doit pas conclure que cela est physiquement impossible ; lorsqu’un projet ne répugne pas absolument à la raison et aux lois bien connues de la physique, il faut se rappeler ces beaux vers :

« Croire tout découvert est une erreur profonde ;
« C’est prendre l’horizon pour les bornes du monde. »

La belle et audacieuse expérience des parachutes prouverait seule qu’on peut se soutenir dans les airs par des moyens à peu près semblables à ceux des écureuils volants, des dragons, etc. ; mais j’avoue que ces moyens, qui doivent consister dans une ingénieuse combinaison de leviers, me paraissent offrir les plus grandes difficultés, et qu’un homme de génie pourra seul les trouver. Cependant, aujourd’hui qu’on peut s’aider du gaz hydrogène, comme le fait M. Degen, la possibilité de se diriger m’est démontrée.

M. Degen a-t-il trouvé les moyens mécaniques dont la combinaison peut faire mouvoir des ailes propres à le diriger dans l’espace ? c’est ce que nous saurons bientôt, car je déclare qu’au moment où j’écris cette note, je n’ai encore vu ni M. Degen, ni son appareil mécanique ; mais je déclare aussi que quand son expérience n’aurait pas tout le succès que sa réputation semble promettre, cela ne devrait point ralentir le zèle de ceux qui voudraient tenter une semblable entreprise.

J’ajouterai que d’après ce qu’on m’a dit des moyens ingénieux employés par M. Degen, je crois qu’il est